Jean-Daniel BLUSSEAU Conseiller Général

Article de la Nouvelle République sous la plume de Delphine NOYON

* Leader des élus de gauche au conseil général, Jean-Daniel Blusseau ne cache pas son ambition pour la Vienne. La politique occupe presque tout son temps. La future carte des cantons dans la Vienne a provoqué la colère des élus de droite, qui n'hésitaient pas cette semaine - en coulisses et parfois moins - à montrer du doigt un gouvernement socialiste redessinant les frontières des cantons à son avantage. De là à dire que Jean-Daniel Blusseau, leader des élus de gauche au conseil général, aurait dans l'ombre tenu les ciseaux de ce redécoupage, il n'y a qu'un pas… Alors, on lui a posé la question. « Évidemment non. Tous les responsables politiques du département ont été consultés. Dans cette nouvelle carte, on retrouve de nos propositions mais aussi celles d'autres groupes. » Bon d'accord. Mais le nouveau découpage, il est quand même plus favorable à la gauche, non ? « Je dirais plutôt que le précédent nous a été très défavorable en 2008 et 2011. La preuve : nous étions majoritaires en voix mais minoritaires en sièges ! Cette fois, on rééquilibre les forces. » Et voilà qu'une bascule à gauche du conseil général au scrutin de 2015 entre dans le champ des possibles. De quoi donner des ailes à celui qui préside aux destinées départementales de la gauche depuis mai 2011 ? Jean-Daniel Blusseau ne cache pas ses ambitions. « Je suis dans la logique de ma présidence du groupe : former une équipe et faire que la gauche puisse arriver à la tête du conseil général. Si nous devenons majoritaires, il serait logique que celui qui a mené cette bataille se positionne pour la présidence. » Sa mère l'aurait bien vu devenir assistant social Voilà qui est clair pour cet ex-infirmier qui a exercé pendant 36 ans auprès d'adolescents en difficulté en hôpital psychiatrique, avant de consacrer tout son temps à la politique. Un virus attrapé pourtant dès le plus jeune âge et qui depuis n'a cessé de grandir. « Je fais de la politique depuis l'âge de 23-24 ans. Je me suis très vite engagé dans le syndicalisme à l'hôpital, à la CGT. J'ai toujours eu dans l'idée qu'il fallait organiser et faire, plutôt que parler. » Une autre façon de se sentir utile pour celui que sa mère aurait bien vu devenir assistant social. Aujourd'hui, avec son mandat de conseiller général socialiste, celui d'adjoint au maire de Poitiers et de vice-président de Grand-Poitiers, il est bien occupé. Trop ? « Pour la ville et l'agglo, je suis dans l'exécutif, mais pas au conseil général. La charge n'est donc pas la même. Évidemment si cela devait changer, je me consacrerais à plein temps au Département… » A ne faire que de la politique, le risque de se déconnecter du terrain n'est pas loin. Les citoyens le reprochent souvent à leurs élus, mais Jean-Daniel Blusseau a la parade. « Je n'ai pas abandonné mon activité professionnelle si facilement, et je n'ai pas oublié. » A 60 ans, l'homme d'un naturel discret s'aménage aussi des plages de loisirs en cultivant son jardin. Ou plutôt, en maniant la bêche et le rateau dans les jardins familiaux de Saint-Eloi. « Je me bagarre un peu pour trouver le temps de jardiner, mais c'est vraiment nécessaire pour se vider la tête. Et puis là, le rapport aux gens n'a plus rien à voir avec celui de l'élu. Quand on échange sur des pratiques, qu'on se donne des semis de salade ou juste un coup de main, on redevient un simple citoyen. » En saison, il y consacre une à deux demi-journées par semaine, ou des soirées quand l'agenda est trop serré. Parallèlement, il reconnaît manquer de temps pour sa famille. « J'ai trois enfants (une fille de 40 ans et deux enfants trentenaires) que je vois de temps en temps mais on se donne plus souvent des nouvelles par l'intermédiaire des réseaux sociaux ! » sourit-il. Accro aux réseaux sociaux Il faut dire que Jean-Daniel Blusseau a tout d'un « geek ». Avec un blog, un compte Facebook et un compte Twitter, ce féru d'informatique a trouvé là un nouveau lieu d'expression. Même si, reconnaît-il, on n'a rien inventé de mieux que le porte-à-porte. Plutôt pratique pour cet enfant du pays qui a grandi au cœur d'une famille nombreuse du côté de Montbernage à Poitiers et qui n'a jamais vraiment quitté sa ville d'origine. Addict à la politique, Jean-Daniel Blusseau assure pourtant s'être fixé une limite dans le temps. Il affirme qu'il ne se voit pas faire de la politique après 70 ans. Peut-être sera-t-il alors temps de reprendre les compétitions d'échecs. Une passion de longue date à laquelle il ne concède actuellement que quelques maigres parties sur l'ordinateur.

Delphine Noyon